Il m’arrive, pas si souvent mais trop souvent à mon goût, de me dire que je ne trouve plus de plaisir à dessiner.
Je ne suis jamais satisfait de mes dessins, je cherche en vain des solutions, des béquilles, je refais 10 fois la même page, je me pose 1000 questions qui m’empêchent d’avancer, à quoi bon ? Ça intéressera qui? Quel intérêt ? Est- ce que la bande dessinée est digne d’intérêt ? A combien d’années remonte ma dernière émotion forte en lisant de la bande dessinée ? Quel est le sens de passer tant d’heures enfermé à dépenser toute son énergie dans le dessin ? Qu’est-ce que j’apporte aux autres ? Et à moi même ?Frustrations, déceptions…
Et puis parfois, à ce moment là de ma réflexion, j’ai un bloc de post-its à portée de main et je gribouille des bonshommes. Machinalement.
Oh ils ne sont souvent pas très jolis, ils ne servent à rien et je n’ai pas comme projet de me taper la réalisation de 80 pages pour raconter leurs aventures dont personne n’aura rien à cirer. Mais ils sont là et en les dessinant je retrouve le plaisir de dessiner, comme quand j’étais gamin. Presque une complicité entre eux et moi, des fois ça frise même le dialogue quand il n’y a vraiment personne autour. Je vois des scènes de leur vie défiler, je connais leur deuxième prénom ou leur chanson préférée… Et c’est un grand bonheur.
Et je me rappelle un peu plus pourquoi j’ai voulu faire de la bande dessinée. Et je m’aperçois que j’ai perdu de vue les raisons qui m’ont amené jusqu’ici. Je me suis si souvent posé les mauvaises questions ! Merde, Toute cette énergie, ce temps passé… C’est ces instants là que je cherchais, c’est vrai ! Et ça en vaut la peine ! Je devrais me le tatouer sur la peau pour l’oublier un peu moins souvent “remember the post-its !”…
Et mon inventaire de quêtes est remis à jour ! Hop ! Reparti comme en 40.
Ceci dit, si un jour vous entendez parler d’un poste (bien rémunéré si possible) de dessinateur de bonshommes moches sur post-its, prévenez-moi ! Je suis prêt à me reconvertir !